Introduction

Tout est fait de couleurs – l’art, le monde, la joie. Qu’y a-t-il de plus beau qu’un paysage saupoudré de verts et de roses, qu’on en voie les détails ou pas ? Instinctivement, le cœur humain résonne de la vie battant dans chaque teinte, et l’esprit se laisse porter tout aussi inconsciemment par les rayons colorés et les mémoires qu’il y a associé. Les couleurs sont la base de tout aussi bien que son revêtement, et souvent c’est elles qui marquent ; l’on se souvient plus du vert frappant de la forêt que de la forme des feuilles, des vagues roses de l’aurore que de la fraîcheur de l’air… Quand bien même nos souvenirs les ternissent et ne laissent que le savoir qu’il y a eu, ici, un jour, un beau trop vif pour être enfermé, on n’oublie pas l’impact de leur source.

Types de couleurs

Dans le graphisme, piquer la sensibilité des « clients » est essentiel, afin de trouver le lien qui nous permettra d’accéder à leur cœur ; pour cela, les couleurs sont l’outil le plus facile et le plus accessible. Trouvez la bonne, et un regard suffira à marquer la mémoire. Ou, au moins, à attirer l’œil, ce qui n’est pas rien non plus, dans le monde surchargé ! Il faut donc savoir choisir la bonne couleur ou son absence, l’harmonie ou la dissonance…

Il est pour cela souhaitable de connaître les différents types et méthodes. Vous connaissez sûrement les couleurs primaires (magenta/cyan/jaune en informatique, rouge/jaune/bleu en art, un des deux n’est pas utile à notre cause) et celles à qui leurs mélanges donnent naissance (vert, violet, orange, dites couleurs secondaires). Ensemble, elles résument peu ou prou l’arc-en-ciel. Et le mélange d’une couleur primaire et une couleur secondaire donne une couleur tertiaire. On ne peut toutefois pas les résumer à un arbre linéaire et vertical ; plutôt, voyez-les comme une toile d’araignée où chacune est liée, d’une façon ou d’une autre, à toutes les autres.

Les voisines sont des teintes proches, harmonieuses par nature, mais tout aussi intéressantes sont celles qui n’ont rien en commun. Sur le cercle chromatique, celles-ci sont à l’opposé l’une de l’autre : violet et jaune, par exemple, que l’on appelle couleurs complémentaires. Le violet aura hérité d’un peu de deux couleurs primaires, mais n’a rien de la troisième, aussi il faut unir les deux pour couvrir la totalité des possibilités. En ces deux couleurs, la lumière entière est comprise. Elles ne choqueront pas, côte à côte, puisqu’il n’y a pas de superposition maladroite, ni de décalage étrange : le cercle est, sur leur diamètre, en équilibre parfait.

Trouver une bonne harmonie

Une fois les relations de la couleur comprises, il faut encore la placer : rouge et orange font bons voisins, mais n’est-ce pas trop simpliste ? Rose et vert ont une rivalité légendaire, mais va-t-elle aveugler ou intriguer ? Comme souvent, tout dépend du sujet et de l’approche. Parfois l’harmonie doit régner, parfois le contraste doit réveiller. Agencer les couleurs, comme un plan de table, pour une paix absolue est aussi reposant que casser les règles peut être amusant. Je n’oublierai pas le moment où, après des années à accorder des draps bleus aux coussins roses, j’ai tenté – faute de lessive propre, avouons-le – des housses orange vif avec ces mêmes coussins. Était-ce naturellement harmonieux ? En aucun cas. Mais c’était si vivifiant !

N’oublions jamais les dégradés et ombres, qui permettent également d’adoucir ou d’exacerber. Parfait que soit un duo, il a parfois besoin d’un entremetteur pour s’entendre : c’est là que nous verrons un peu de mauve entre le jaune et le pourpre, ou de orange entre le jaune et le rouge. Bien sûr, ce n’est pas toujours souhaitable : leur absence peut accentuer un contraste ou un passage particulièrement intense. Tout est affaire de choix.

Symbolique de couleurs

Une fois le visuel assimilé, il est intéressant de regarder la symbolique des couleurs. Chacune a sa propre signification, parfois inconsciente, parfois flagrante (pensez au bleu de la paix, contre le bleu des petits garçons). Ici, mieux qu’un paragraphe dans lequel on se perd, une liste fera l’affaire :

• Blanc : Pureté, innocence, froid, propreté, paix, sagesse et simplicité.
• Noir : Mort, mélancolie, tristesse, peur, austérité, renoncement, modernité et élégance.
• Rouge : Danger, sang, feu mais également passion, amour, luxe et érotisme.
• Bleu : Paix, divinité, union, rêve, évasion, froid.
• Vert : Chance, hasard, espérance, nature, liberté.
• Jaune : Lumière, chaleur, richesse, joie, énergie mais aussi maladie, folie et mensonge
• Rose : Féminité, douceur, sensualité, candeur.

Ce n’est qu’indicatif bien sûr, et on peut tout déconstruire : le rose de la féminité en est un excellent exemple récent. Les significations ne sont également pas tout-puissantes, comme le montrent leurs nombreuses contradictions : c’est au créateur de choisir laquelle il met en avant, laquelle le spectateur est le plus apte à percevoir et sur laquelle il veut s’appuyer ou au contraire qu’il veut dissimuler.

Conclusion

Comme toujours dans l’art, et le graphisme en fait partie, il faut connaître ses outils, mais il n’est pas nécessaire de s’y soumettre ! Ils sont là pour nous et nous les créons et recréons à chaque utilisation… Tout dépend de notre main, finalement.

Ça ne vous aidera pas dans votre art et je promets que ça ne m’influencera pas trop dans mon travail, mais je pense que le meilleur moyen de conclure cet article est de parler de mes couleurs préférées. Vous êtes ici pour en apprendre plus sur moi aussi bien que pour découvrir le métier après tout, non ? De ce côté je ne m’avoue pas très originale, puisque celle que je préfère est… le bleu.

Bleu ciel, pour être précise ; ça a toujours été une couleur apaisante, qui me rappelle l’été, le soleil et le repos… Elle est assez colorée pour ne pas être terne mais assez douce pour ne pas choquer, une sorte de blanc plus joyeux. Assez facile, à trouver comme à utiliser, dans le dessin comme la vie de tous les jours… Mais les goûts ne sont pas faits pour être originaux, et je n’en ai pas honte. Tant qu’elle nous fait plaisir, n’importe quelle couleur peut être une bonne couleur, vous ne trouvez pas ?